Namasté

HIC ET NUNC - Démosphère

17/01/2011

Selon une étude de l’INSERM, du CEA, de l’Université Paris Sud et du Collège de France, l’apprentissage de la lecture améliorerait le fonctionnement en réseau de plusieurs aires cérébrales. En mesurant l’activité du cerveau de volontaires portugais illettrés ou maîtrisant la lecture, Stanislas Dehaene
et ses collègues ont constaté que les personnes sachant lire comprennent plus facilement le langage parlé, et que le cerveau consomme moins d’énergie à cette fin, ce qui se traduit par une activation plus discrète des aires du langage lors de la compréhension du langage parlé. En revanche, la perception du langage parlé active davantage une zone nommée planum temporale, qui convertit les sons en segments de mots écrits, ou graphèmes. En d’autres termes, le cerveau lettré réalise une opération en temps réel d’écriture mentale, en même temps qu’il comprend plus aisément le sens du langage parlé. Enfin, il « voit » la forme des mots entendus. Une aire du cerveau nommée « aire visuelle de reconnaissance des mots » est automatiquement activée. En écoutant autrui parler, le cerveau écrit mentalement et observe les mots ainsi composés. Les mots sont compris à la fois par l’oreille et par la vue, ce qui expliquerait l’effet de facilitation du langage chez les lecteurs. La lecture est par conséquent un enjeu cognitif majeur. Support de l’histoire, elle est aussi un socle de la communication orale, et son remplacement progressif par un univers purement visuel offrirait la perspective d’un cerveau diminué, au moment où l’on s’interroge sur la possibilité d’augmenter les capacités cognitives du cerveau.
[S. Dehaene et al., How learning to read changes the cortical networks for vison and language, in Science, à paraître.]